JACQUELINE RAMSEYER
artiste peintre

Presse

C’est à l’Ecole d’art de La Chaux-de-Fonds que Jacqueline Maeder rencontre André Ramseyer, dans le cadre du cours de sculpture. « A l’époque, nous devions tous plancher sur l’ensemble des disciplines », commente celle qui était néanmoins bien décidée à se consacrer dès que possible à la seule peinture. A Neuchâtel, où le couple est établi, chacun a son propre atelier. « Nous ne nous montrons nos travaux qu’une fois terminés, ou alors dans l’intervalle si l’envie de le faire nous prend; mais ils ne sont jamais menés de concert », précise le peintre. Qui explique ensuite sa démarche.

« Celle-ci est double. Avant de faire de la peinture, j’ai longtemps pratiqué le collage, ne serait-ce que parce que j’ai toujours aimé la matière, et les papiers en l’occurrence. A un moment donné, j’ai néanmoins senti que ça devenait trop facile et que la pratique systématique de cette technique ne me convenait plus. Alors je me suis mise à faire de la peinture à part entière (il y en avait quand même un peu dans mes collages), avec un fond peint, ce qui pour moi est comme une espèce de sécurité. C’est alors que j’ai décidé de ne plus me laisser prendre par les papiers. C’était quelque chose de ressenti profondément, à l’opposé de toute démarche intellectuelle », relève Jacqueline Ramseyer.

Sur ses compositions actuelles, le peintre met l’accent sur le fait que la peinture exige un resserrement du travail. Avec d’une part des sujets plus ouverts, « extérieurs », qui font la part belle à ses grandes pyramides – « des formes qui me mettent à l’aise » – et des compositions plus intimes qui ont à la fois pour caractéristiques l’emploi de figures géométriques, de motifs imprimés égrenant la surface peinte, tel un leitmotiv, traités avec une densité certaine, ce qui nous fait dire qu’ils ne vont pas sans constituer une forme d’écriture, à l’instar d’un message codé, aux tonalités poétiques, et d’autre part ce que nous qualifierons de lumière nocturne.

A ce sujet, Jacqueline Ramseyer précise: « il y a pour moi un besoin d’aller vers la lumière. C’est un appel vers l’or, en tant que matière non pas précieuse, mais lumineuse; et ce dosage-là est d’ailleurs très difficile. L’or, c’est la lumière, et le mot « Orient » signifie « recherche de la lumière ». Cela explique ma quête, ce passage, par la peinture, vers quelque chose de lumineux », commente notre interlocutrice. Dont le public pourra notamment découvrir quelques compositions marouflées sur bois avec feuilles ou poudre d’or. Il lui arrive aussi de mélanger de l’or à la couleur, « pour arriver à des tonalités qui me satisfassent ». Ses pyramides sont un chemin vers la lumière. « Avec le carré, c’est une forme qui fait partie de moi-même », souligne le peintre. Qui travaille à l’acrylique, parce que « ça vous reçoit et ça ne se dilue pas ». Quelques collages apparaissent ici et là, mais l’artiste revient dessus avec de la peinture. (…)

PdB, dans Nord Vaudois, 25-26 avril 1992, p. 17


« Faire parler la matière. J’ai besoin de la sentir, de la toucher. » C’est Jacqueline Ramseyer qui parle. Chez cette artiste, il s’agit de territoires intérieurs et d’aventures intérieures. Le « faire » y exerce un rôle prépondérant puisque, en effet, on organise, on souligne, on négocie avec le hasard dont on accepte ou refuse les rencontres. On joue avec l’épaisseur, avec la profondeur, avec le sous-jacent qui relève les transparences et dialogue avec la surface. Cela engendre la complexité du dessin qu’une sensibilité très maîtrisée conduit à un langage de discrète réserve dont le cri et le sang semblent exclus. Jacqueline Ramseyer s’avance bien vers l’autre versant qui fascine son regard, elle nous laisse deviner la vallée et nous montre de façon musicale le gué qui mène à l’autre rive. Son œuvre peut être ressentie comme une invitation au voyage, le pays promis est bien celui de la poésie. On n’en aura donc jamais fini avec cette dimension capitale de l’existence.

Tristan Solier, Art et Cité, Porrentruy, 2/2001, p. 13


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